Dakar, le 29-06-2022
Cher(e) ,
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Vingt-trois personnes sont mortes le vendredi 24 juin 2022 alors qu’elles tentaient de franchir en masse le mur d'enceinte entre Nador au Maroc et l'enclave espagnole de Melilla. Sur des images, on voit des dizaines de corps enchevêtrés, des morts et des blessés gisant le sol après que la police marocaine ait tenté de les repousser.
Ce drame remet sur la table la question de la politique migratoire en Afrique et l'impérieuse nécessité de respecter les droits fondamentaux des migrants subsahariens.
En effet, le traitement de ces jeunes africains sur la frontière entre le Maroc et l’Espagne suscite l’indignation. Le 18 juin dernier, des affrontements violents ont été notés dans la même zone entre les migrants et les forces de l’ordre marocaines faisant plusieurs blessés. Nador, point stratégique des candidats à l’immigration, est aujourd’hui une “zone interdite” pour ces derniers obligés de se retrancher dans les forêts pour pouvoir rallier l’Europe.
Pourtant, ces hommes et femmes à la quête d’un eldorado méritent regard et respect. Ils ont des droits et libertés qui dans un premier temps tirent leurs fondements dans la déclaration universelle des droits de l’homme qui garantit solennellement l’égalité entre les indvidus et le principe de non discrimination. Ce texte protège tout individu contre la torture ou les traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Quant à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), elle s’inscrit dans la même logique que ladite déclaration. Selon elle, toute personne a le droit de circuler librement, de chercher ou de bénéficier d’un asile devant la persécution. Dans son article 12, la CADHP relève que “toute personne à le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat.”
Dans la même veine, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966, en son article 2, dispose que: «Les Etats parties au présent Pacte s'engagent à respecter et à garantir à tous les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits reconnus dans le présent Pacte, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »
Ainsi dit, il est établi que rien ne peut justifier certains agissements contre les migrants qui au contraire doivent être protégés, pris en charge sur tous les plans (éducation, santé,...)
AfricTivistes trouve dégradant et très révoltant ce qui s’est passé à la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Ce drame nous pousse à rappeler le statut sacré de la vie humaine et la responsabilité des autorités politiques à veiller à la sécurité des candidats à l’immigration; mais aussi à condamner systématiquement les menaces et atteintes à la vie des Africains.
Nous estimons que les sorties des autorités africaines et l’attitude des pays d’origine des migrants ne sont pas à la hauteur de la catastrophe et du chaos humanitaire provoqués par ce fléau.
Nous dénonçons le laxisme des institutions africaines face au traitement réservé aux migrants subsahariens dans le monde et déplorons l’absence d’une réelle politique africaine relative à la migration.
Nous condamnons l’absence d’un dispositif africain de prise en charge rapide des migrants en situation de détresse.
Nous exigeons une enquête internationale pour faire toute la lumière sur ce drame humain et que les responsabilités soient situées.
Nous appelons les forces vives africaines à se réunir au plus vite pour mener des discussions sérieuses sur les conséquences désastreuses de la migration dans le continent.
Nous exigeons de la part des Etats quels qu’ils soient (les pays d’origine des migrants, de transit, et les pays européens) à respecter les textes et conventions internationales sur les droits de l’homme et les droits des migrants. Nous les invitons à mettre en avant l’humanité et l’acceptation de l’autre dans leurs différentes actions.
ENGLISH
23 migrants die at the Spanish border
Stand up, African political leaders!
Twenty-three people died on Friday 24 June 2022 as they tried to cross the wall between Nador in Morocco and the Spanish enclave of Melilla in a mass attack. Images show dozens of tangled bodies, dead and injured, lying on the ground after Moroccan police tried to push them back.
This tragedy raises the issue of migration policy in Africa and the imperative need to respect the fundamental rights of sub-Saharan migrants.
Indeed, the treatment of these young Africans on the Moroccan-Spanish border is causing considerable indignation. On 18 June last, violent clashes were noted in the same area between migrants and Moroccan police forces, resulting in several injuries. Nador, a strategic point for potential immigrants, is now a " forbidden zone " for them, who are forced to retreat into the forests in order to reach Europe.
However, these men and women in search of an El Dorado deserve respect. They have rights and freedoms that are based on the Universal Declaration of Human Rights, which solemnly guarantees equality between individuals and the principle of non-discrimination. This text protects all individuals against torture or cruel, inhuman or degrading treatment.
The African Charter on Human and Peoples' Rights (ACHPR) follows the same logic as the said declaration. According to it, everyone has the right to freedom of movement, to seek or enjoy asylum from persecution. In its Article 12, the ACHPR notes that "everyone has the right to freedom of movement and residence within a State.
In the same perspective, the International Covenant on Civil and Political Rights of 16 December 1966, in its article 2, states that: "The States Parties to the present Covenant undertake to respect and to ensure to all individuals within their territory and subject to their jurisdiction the rights recognized in the present Covenant, without distinction of any kind, such as race, colour, sex, language, religion, political or other opinion, national or social origin, property, birth or other status.
Thus, it is established that nothing can justify certain actions against migrants who, on the contrary, must be protected and taken care of in all areas (education, health, etc.)
AfricTivistes finds degrading and very revolting what happened at the border between Morocco and Spain. This tragedy urges us to recall the sacred status of human life and the responsibility of the political authorities to ensure the safety of immigration candidates; but also to systematically condemn threats and attacks on the lives of Africans.
We believe that the actions of the African authorities and the attitude of the countries of origin of the migrants do not match the catastrophe and humanitarian chaos caused by this scourge.
We denounce the laxity of African institutions regarding the treatment of sub-Saharan migrants in the world and deplore the absence of a real African policy on migration.
We condemn the absence of an African mechanism for the rapid care of migrants in distress.
We demand an international investigation to shed light on this human tragedy and to establish who is responsible.
We call on the African forces to meet as soon as possible to hold serious discussions on the disastrous consequences of migration in the continent.
We demand that all States (countries of origin of migrants, transit countries and European countries) respect international texts and conventions on human rights and migrants' rights. We invite them to put forward humanity and acceptance of the other in their different actions.